À bientôt, ma chère Mélite, et mille tendresses.
XXIII.
Les jours passent et ne m’apportent aucune nouvelle, mon cher René ; je me dis avec raison qu’il n’est pas raisonnable de se tourmenter pour une affaire qui ne te regarde qu’indirectement, et j’ai beau faire, je me tourmente. L’inquiétude s’impose à l’esprit et on est vraiment ingénieux à découvrir des motifs d’inquiétude. Je ne suis plus seule, heureusement, et les visites fréquentes que me font mes voisines de la Brise chassent momentanément mes préoccupations. Nos causeries deviennent de plus en plus intimes, de plus en plus agréables, par conséquent. Elles m’emmènent très-souvent à la Brise dans leur petite voiture et nous finissons nos journées sur la grève. L’été marche déjà, nous voulons jouir de l’été.