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mon sillon.

teignait parfois de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. C’était une variété et une délicatesse de teintes impossibles à rendre.

Il était temps d’arriver et j’ai éprouvé un certain plaisir à me retrouver sur la terre ferme.

Nos matelots sont repartis gaiement, narguant le grain qu’ils voyaient venir, mais enchantés d’être débarrassés de passagères peureuses. Madame Anne et moi nous étions blotties à l’avant ; Fanny était restée debout contre le mât : on aurait dit la fée chargée de commander à la tempête, tant elle était calme et belle.

J’ai été plusieurs jours sans revoir ces dames, et puis mon oncle Jérôme ayant eu la pensée de me faire rafraîchir les guirlandes de mousses qui forment ses reposoirs les a appelées à mon aide. Elles sont venues très-obligeamment travailler aux guirlandes. Nous avons passé des après-midi charmantes dans la tonnelle de laurier. Nous lisions, nous chantions, nous travaillions. À propos d’un livre tout récemment écrit sur Paris, j’ai commis l’indiscrétion de lire quelques fragments descriptifs de tes lettres. Tu ne m’en voudras pas surtout quand tu sauras que j’ai vivement intéressé mon auditoire. On a