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mon sillon.

Je continue à croire que Charles Després a des intentions matrimoniales. Son phaéton ne s’arrête plus seulement rue Saint-Honoré, il vient jusqu’à nos bureaux, ce qui dénote une certaine intimité qui n’existait pas entre M. Brastard et lui.

Mardi dernier les trois jolies sœurs m’ont présenté leur unique frère, un petit aspirant de marine qui ressemble beaucoup à Mademoiselle Berthe. C’est donc un fort joli garçon avec ses cheveux ondulés, son œil ouvert, riant, intelligent, sa bouche ferme et gracieuse. Il a, je crois, comme son père, un grain d’ambition, on le devine, ce midshipman imberbe regarde déjà dans l’avenir. L’ambition va naître, elle germe sous ce front encore blanc et uni comme un front de femme ; Charles Desprès et lui se traitaient en intimes, il y avait certainement eu une présentation préalable. Tout ceci confirme mes soupçons. Charles ne m’a jamais été sympathique et j’éprouve une certaine tristesse à le voir entrer dans cet intérieur dont je ne le crois pas digne.

Ce frivole esprit, ce cœur volage et égoïste, ce caractère sans dignité peut-il convenir à la femme délicate et distinguée qui a le malheur de lui plaire ?