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mon sillon.

je n’aime pas le faux air grande dame qui consiste à s’éloigner systématiquement de la cuisine et du four. Je connais des jeunes filles qui n’ont pas plus de fortune que moi et qui passent leur temps à faire grincer les cordes d’un mauvais piano, à lire des romans absurdes, à se parer et à prendre des poses absolument pour le roi de Prusse. Que tout cela est sot et absurde et faux, et qu’il faudrait bien mieux apprendre et apprendre encore, être quelqu’un d’utile, d’indispensable, d’économe dans leur maison. La maison ! peut-on l’aimer quand on ne cherche pas à la parer de ses propres mains, quand on n’y établit pas sa vraie royauté. Pour moi, puisque me voici devenue une campagnarde, je le serai tout de bon, de pied en cap, et quand tu reviendras tu expérimenteras mes connaissances acquises, tu me verras à l’œuvre et tu m’applaudiras des deux mains.

Je me promène aussi beaucoup ; tout doucement dans le verger avec tante Marie, très-prestement par les chemins raboteux avec mon oncle Jérôme qui marche comme un basque, et à mon pas quand je suis toute seule. En qualité de nièce de M. le curé je puis m’aventurer par