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mon sillon.

mer parmi ces palais, ces arbres tailladés, ces urnes, ces grilles dorées. J’ai pu faire en esprit tout une excursion sur la grève de Damper, mon hôte m’ayant averti qu’il parlait beaucoup avant dîner, mais très-peu pendant et pas du tout après.

J’ai aussi eu dans le salon même bien des motifs d’études dont l’intérêt me faisait beaucoup apprécier le silence hygiénique de mon compagnon.

Il y avait là comme partout quelques heureux d’un moment, mais plus encore de ces physionomies sur lesquelles était inscrit le souci poignant, secret qui assombrit tant de visages mondains. Chacun de ces êtres avait plus ou moins cependant la richesse, combien peu possédaient la paix. J’ai passé en revue tous ces visages, la griffe fatale de l’ennui était à peu près partout.

Il y a une si grande diversité de souffrances chez les plus heureux en apparence, une fois la phase riante de la première jeunesse passée. Celui-ci lutte contre une passion qui l’envahit, celui-là souffre d’une maladie dont il sent le germe mortel en lui, cet autre a au cœur un regret vivant, éter-