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mon sillon.

— Enfin, je ne demande pas mieux que de supposer que je me trompe, mais depuis quelques mois j’en suis sans cesse occupé. Charles, avec son caractère à la fois faible et tenace, n’a pas résisté comme ses frères à l’air malsain des grandes villes, il en est revenu le cœur et l’esprit malades, et il n’a pas suivi mes conseils pour la guérison. Il lit beaucoup, beaucoup trop de ces ouvrages d’imagination qui excitent son pauvre cerveau. Et maintenant notre vie simple, austère, notre vie de famille lui paraît ennuyeuse, énervante. Cela ne lui suffira pas, car, tranchons le mot, c’est un ambitieux.

— Dans tous les cas, faudrait-il s’en étonner, Marc ? Ah ! le bonheur complet, je le sais bien, eût été de voir nos enfants sans exception se fixer autour de nous ; mais il serait égoïste de le désirer et insensé d’y compter. Nous n’avons pas à nous plaindre. Voilà Olivier à tout jamais fixé à Damper, Marc n’est pas loin, Henri fait de l’agriculture sur nos terres, Jean s’est engagé à ne pas quitter le diocèse, Francis, son droit fini, pourra bien trouver une bonne étude ou s’établira comme avocat dans le département. Si Charles avait