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mon sillon.

Ma liberté commençait à me peser. Je suis très-heureux de retrouver un bureau qui semble m’attendre, des camarades qui me saluent cordialement quand j’arrive, une maison blanche qui semble me sourire de loin comme on sourit à un hôte attendu.

Celle des fenêtres qui est mienne donne sur le boulevard, et, lever les yeux, est toute une distraction. Bêtes et gens courent effarés devant moi sur le macadam. Tout y passe pêle-mêle, caissons d’artillerie, omnibus, chariots gigantesques, cavaliers fringants, voitures bondissantes, cortèges funèbres. Hier, j’ai suivi d’un œil attendri une belle vache noire et blanche qui foulait d’un pas lourd et mesuré ce sol factice.

Pour une exilée, elle n’avait rien de trop abattu, et elle s’en allait fort paisiblement comme si ses longues oreilles n’entendaient que le murmure de la brise dans le feuillage.

En l’apercevant, ma pensée a fait un bond, je me suis retrouvé à Damper, j’ai cru sentir l’odeur fraîche de l’herbe coupée dans le préau.

Charles Després continue, il paraît, ses bril-