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mon sillon.

contre vos cœurs généreux. Cependant, si je sentais en moi le moindre ferment d’égoïsme, si je craignais qu’un jour cet argent qui m’est maintenant sacré, pût servir à un plaisir, je refuserais, je refuserais encore. Mais j’ai tellement l’espoir de réussir, et je reste par prudence si éloigné de la vie parisienne proprement dite, que j’ose accepter ce sacrifice suprême.

Me voilà donc momentanément arraché à ces incertitudes cruelles qui, insensiblement, épuisent les forces de l’âme, j’ai donc jeté l’ancre pour deux ans dans ce grand port où les naufrages ne se comptent plus. Au reste, ce n’est pas encore une navigation que j’entreprends, je l’avoue, je jette la sonde. Une fois les brisants connus et le pilote trouvé, j’espère pouvoir me lancer au large.

Aussitôt ta lettre reçue, j’ai fait à M. Brastard ma visite d’acceptation ; il m’a immédiatement installé dans ses bureaux situés boulevard Montparnasse. Ce travail de bureau est fastidieux, mais j’ai mes heures de liberté et je me sens vivre dans le centre d’affaires qui me convient. Ici je profiterai de tout ce que j’entendrai, de tout ce que je verrai, tout me servira.