Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.

194
mon sillon.

son frère, mais je sais aussi qu’elle aime son chez soi, je sais que ma sœur aime à se dévouer, mais je sais aussi que sa vieille maison lui est chère, qu’elle y a ses habitudes, et je n’accepterai pas qu’elle aille s’enterrer dans un village pour me permettre de vivre à Paris. Je vous ai laissé vous dépouiller, mais je suis bien résolu à respecter votre indépendance et aucun raisonnement ne me fera consentir à l’exil que vous voulez si généreusement vous imposer. D’ici à quelque temps j’aurai pris une décision et je te l’écrirai, mais je jette ce billet à la poste pour qu’il arrive à temps.

Ton frère à jamais dévoué et reconnaissant

René.

P.-S. — J’ai rencontré Charles Desprès tout contre le péristyle de la Bourse. Il s’est fait spéculateur, il a jeté là ses derniers mille francs, il a beaucoup osé et la fortune justifie son audace.

Deux fois, devant cet homme qui me parlait de l’or qui remplit ses poches et qu’il jette à pleines mains, j’ai été sur le point de formuler une demande, l’avouerai-je, une prière. Je n’ai rien dit. Qui sait ce que deviendra cette fortune