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mon sillon.

occasion de m’instruire, je me trouverai en contact avec tous les grands industriels de Paris et son espoir est qu’à la première occasion un de ces hommes me voyant à l’œuvre m’honorera de sa confiance et me frayera la voie vers de plus hautes destinées. Il y a dans ce projet autre chose qu’une bienveillance banale, il y a certainement une foi sérieuse en mes aptitudes. Ce que je crois posséder m’est donc enfin attesté par un homme expert. D’un coup d’œil j’ai vu le parti que je pouvais tirer de cette situation et j’ai accepté avec transport. Mon enthousiasme a duré juste le temps de la visite de M. Brastard. Lui parti, la réflexion froide a élevé sa voix revêche, le chiffre dans sa laideur tortueuse s’est dressé comme un fantôme devant moi. Puis-je vivre à Paris pendant deux ans avec des appointements aussi insignifiants, et en me répandant un peu dans ce monde qui doit m’étayer pour monter ?

Évidemment non.

Voici donc encore la terrible pauvreté qui me prend à la gorge au moment de mettre le pied sur le premier échelon de cette échelle qui mène au succès. C’est dépitant. Mais c’est en vain que je roule dans ma tête mille combinaisons ingé-