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mon sillon.

nécessaires. Or, il est impossible de compter sur un pareil résultat. Il y a cinq ans, ma sœur, que j’aurais dû quitter Damper. Alors un travail obstiné joint à mes aptitudes m’eût fait enlever le diplôme dont on ne peut se passer. Maintenant c’est trop tard. Le choc était d’autant plus rude que je sentais que celui qui m’ouvrait ainsi les yeux sur moi-même, parlait avec bienveillance et vérité. Hélas ! hélas ! l’outil, l’outil auquel je n’avais pas pensé me manque pour tracer mon sillon. Que vais-je devenir ? Je n’en sais rien. Une foule de bizarres projets se heurtent dans ma pauvre tête endolorie. J’en suis arrivé à regretter l’argent que je dépense à Paris depuis six mois aussi inutilement.

Vraiment je suis par terre, trompé dans mes espérances, désolé de me voir condamné à ne jamais sortir du labyrinthe des positions subalternes pour lesquelles je ne suis pas fait et dans lesquelles je ne saurais utiliser ce que j’ai acquis de connaissances.

Ma sœur, je souffre horriblement de cette déception. Permets-moi donc d’être laconique cette fois, il est si cruel de s’être si naïvement trompé, d’avoir tout bâti sur le vide.