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mon sillon.

« Ma mère ! » dans ses sanglots. Il voulait rester là, on l’a entraîné, je suis resté seul devant cette fosse béante et le rêveur a fait place au chrétien. J’ai prié pour cette inconnue, pour cette délaissée, pour la mère de ce pauvre enfant dont les échos me renvoyaient encore les sanglots, et je suis sorti en murmurant ces beaux vers :

Là le songe idéal qui remplit ma paupière
Flotte, lumineux voile, entre la terre et nous ;
Là, mes doutes ingrats se fondent en prière ;
Je commence debout, et j’achève à genoux.

J’espère n’avoir pas trop attristé ma chère et sérieuse petite sœur. Pour moi, j’étais content de ma visite. Mais pour oser toucher ainsi du doigt au néant humain, il faut se sentir une foi indomptable et s’écrier avec le poëte :

Consolons-nous, nous sommes immortels.

Mais voilà bien de la poésie. Je me hâte de reprendre mes outils, mes livres, et je te quitte, ma chère Mélite, en t’embrassant de tout mon cœur. et je te quitte, ma chère Mélite, en t’embrassantRené.

P. S. — Je reçois un billet laconique de M. Brastard qui me demande d’aller lui parler