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mon sillon.

Après les quelques réflexions mélancoliques que je t’ai confiées, toute ma tactique a été de me rapprocher de M. Brastard. Mais il était tellement absorbé par ses devoirs de maître de maison que nous n’avons pu échanger que quelques paroles insignifiantes. Je l’ai revu un moment dans le salon de jeu où j’admirais avec quelle négligence suprême Charles Després, qui se multipliait, faisait rouler l’or, mais comment parler de moi dans ce moment ! J’ai dû me taire et continuer d’agir comme si j’avais dix mille livres de rente au soleil. Je me suis retiré de bonne heure après avoir eu avec Charles Després une petite scène de reconnaissance assez piquante. Je prenais congé des sœurs, libres un instant. C’est alors qu’il s’est approché de moi et qu’il a daigné me reconnaître. Nous nous sommes promis de nous revoir, ce qu’aucun de nous n’aura la moindre idée de faire. Or, à Paris, pour se retrouver, la première condition est de se chercher.

Le lendemain, par un de ces contrastes bizarres qui remplissent la vie, je devais visiter le cimetière du Père-Lachaise et je m’y suis rendu ayant encore dans les membres la légère fatigue