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mon sillon.

m’aurait permis de paraître jeune pendant un quart d’heure. Il y a vraiment des moments où j’éprouve impérieusement le besoin de laisser éclater ma jeunesse. Folle tentation ! Il vaut mieux que je continue à cacher ma timidité sous un air sombre, et comme je porte sur le front le stigmate du travail isolé, sans encouragement, presque sans espérance, on s’étonnerait de voir cette enveloppe glacée s’animer, on s’étonnerait de voir un hymne de jeunesse passer par ces lèvres tristes qui savent à peine sourire. Je me range donc naturellement parmi les gens sérieux, c’est-à-dire âgés, et j’ai vingt-cinq ans ! Ce soir-là, j’ai eu envie de me prendre quelque peu en compassion et tu comprends cela, ma sœur, toi dont la jeunesse est mille fois plus sévère que la mienne, car tu n’as pas la ressource de ce travail passionnant dont aucun plaisir mondain ne peut, je crois, remplacer les joies austères.

En ma simple personne, Damper s’est donc parfaitement éclipsé dans ces salons élégants, mais j’ai pu le voir resplendir en la merveilleuse personne de Charles Després. Il était là gracieux, frisé, musqué, triomphant, il était là dans son