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mon sillon.

dèle qui reste pénétré d’un sentiment si profond de reconnaissance et d’une affection si vivace pour le fils de ses anciens maîtres ?

Pour moi, j’éprouve un certain plaisir à t’envoyer le tribut d’amour enthousiaste du vieux Colomban. Tu sauras ainsi à l’avance, mon cher absent, que personne ici ne t’oublie ni ne veut t’oublier. Après cela déblaye, bâtis, fais ton œuvre. Nos cœurs te suivent et nos voix t’encouragent. Quelles voix ! vieille femme, vieux pauvre, pauvre petite sœur ! Mais ces voix-là ne cessent de parler de toi à notre Père qui est aux cieux, et ce Père-là est le Tout-Puissant.

Mais à quoi bon te dire ce que tu sais ? Adieu, adieu, kenavos. Je finis par cet adieu breton, mon frère, il te paraîtra doublement doux prononcé dans cette rude langue que nous avons si tôt balbutiée. Au moment de finir cette lettre, je me suis arrêtée, tout un petit drame se passait dans la cheminée. Une jolie mésange vient de tomber tout étourdie sur la pierre du foyer. J’ai suivi des yeux tout le travail de résurrection qui n’a pas été long, et la voici becquetant hardiment ma chandelle. Je te quitte pour donner à la