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mon sillon.

Il y avait longtemps qu’il désirait passer la journée avec nous pour parler de monsieur René, et il attendait la neige qui le met forcément au repos. C’est donc pour parler de toi qu’il nous honore de sa visite aujourd’hui. Je sais à l’avance comment se passera la journée.

Entre nous et lui il sera question de toi jusqu’au dîner, toute ton enfance et ton adolescence vont être rappelées dans leurs plus minces détails, le bonhomme a une mémoire imperturbable. Après dîner, viendront les récits du temps qu’il était aide-jardinier chez le grand-père de monsieur René et il conclura que monsieur René est tout le portrait de son grand-père, qui était pourtant plus vif que lui, plus dépensier que lui, plus frondeur que lui, mais, au fond, la ressemblance n’en est pas moins saisissante.

Cela prouvé, il raccommodera les cages à poulets, il donnera un coup d’œil aux pigeons de tante Marie, à notre petit cochon, sauf ton respect ; à ma chèvre, qui était si drôle ce matin, avançant ses pattes fines et plongeant sa grande barbe dans la neige. Il cassera du menu bois sur son genou, il nettoiera la niche de ton chien, l’étable de Djali, qui te remercie de ton bon sou-