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mon sillon.

aimer à remplir son cœur des joies intimes de la conscience, des simples joies et des grandes douleurs de la vie domestique !

Ah ! j’aurais peur d’approcher de trop près ce grand, cet incandescent foyer, j’aurais peur du vertige. Et pourtant si je veux rester Dampéroise par le cœur, je voudrais devenir un peu plus Parisienne par l’esprit.

C’est à moi à régler les aspirations de mon cœur, mais pour le développement de mon esprit, je compte sur mon cher Parisien, sur ses lettres-conversations qui m’éveillent un peu et qui me charment.

Le temps a bien marché depuis notre séparation, mon cher René. Nous voici en plein hiver et parfaitement ensevelis. Aimes-tu la neige ? ki on en a mis partout. Une neige moelleuse, immaculée recouvre le grand tertre arrondi qui fait face à la fenêtre de ta chambre et le transforme en un piédestal de marbre blanc à l’usage de la statue de la sainte Vierge, que nos laboureurs ont fait ériger à son sommet. Sais-tu que Damper est splendide sous soir manteau d’hermine ? Toutes ses pauvretés, toutes ses laideurs ont disparu. La neige s’entasse sous les toits dé-