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mon sillon.

couseuse, et, au premier moment inoccupé, je l’y retrouve. Alors recommence la lecture, lecture intime, lecture sentie cette fois. Il me semble que nous causons, seulement je te laisse toujours la parole.

Le récit de ta soirée dans le salon bleu m’a très-vivement intéressée. Comment, mon frère, tu as osé parler de moi à tes élégantes Parisiennes ? Ah ! je t’assure que ma chétive petite personne aurait été bien mal à l’aise dans ce cercle. Ce qui me rend heureuse, c’est de te voir prendre l’aplomb qui convient à un homme de ton âge, et, pourquoi n’ajouterais-je pas de ta valeur ? La timidité est notre lot, à nous autres femmes. Je t’avouerai même que la jeune fille hardie de cette hardiesse choquante, qui détruit toute modestie et toute réelle distinction, m’est profondément antipathique. Je voudrais acquérir l’aisance gracieuse que j’ai parfois rencontrée chez nos femmes du monde, mais j’aime mieux ma sauvagerie un peu rustique que ces airs cavaliers et tapageurs dont certaines jeunes filles ont le mauvais goût de se parer, que leur extérieur s’y prête ou non. Et je suis sûre que tu es de mon avis.