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mon sillon.

qu’elles avaient été et il en reprenait le joug bien léger. Il travaillait de corps ou d’esprit, il préparait les aliments de son activité physique ou intellectuelle, suivant ses goûts ; mais il ne restait pas entièrement oisif. D’un autre côté, quel que fût l’emploi de sa journée, il se retrouvait dans la salle commune à l’heure fixée pour la prière du soir et il était inutile d’arranger des parties de plaisir pour la matinée du dimanche : elle appartenait à Dieu.

Enfants et adolescents, cela avait été pour eux une affaire d’obéissance et d’habitude ; hommes, c’était devenu l’accomplissement d’un devoir, un acte libre, et, chez ceux que le vent de l’incrédulité avait effleurés, un acte de déférence envers leur père, qui avait conservé la vieille idée d’appuyer son autorité sur celle de Dieu.

Au reste, jusque-là, à part les nuances disparates qui commençaient à s’accuser, la famille Després avait formé un tout parfaitement homogène. La règle reconnue invariable était franchement acceptée, le chemin nettement tracé, et les jeunes gens y marchaient à la suite de l’honnête homme qui était leur père. Et, pour chacun d’eux, le moment heureux de l’année était encore