Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

130
mon sillon.

mantes. Leur beauté n’est pas du tout régulière, mais elle est délicate, touchante en quelque sorte. Elles ont des traits allongés et fins, une peau d’une blancheur transparente, des yeux longs et largement cernés, des cous de cygne qui semblaient fléchir sous le poids de leur triple collier noir, des cheveux de soie dont toutes les petites boucles, très-avancées sur un front très-pur, formaient une sorte de diadème naturel d’un joli effet. Elles se ressemblent étrangement par la taille et les traits, mais la couleur d’yeux est dissemblable. Mademoiselle Claire a des yeux d’un bleu d’azur sous de larges paupières frangées, mademoiselle Gabrielle a les yeux d’un brun clair, mademoiselle Berthe a les yeux d’un noir bleu.

Elles se sont montrées fort gracieuses pour le sauvage de Damper qui leur était présenté. Malgré tout le brouhaha intérieur, je ne me suis pas montré trop gauche et tu m’as bien inspiré. Ceci t’étonne, ma chère Mélite, mais tu es devenue tout naturellement un sujet de conversation entre les trois poétiques habitantes du salon bleu et moi. Je t’ai dû quelques phrases heureuses qui m’ont valu trois jolis regards et trois