Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

120
mon sillon.

Il a l’air de sortir tout frais de l’asphalte, on dirait qu’il n’a jamais foulé que cela. C’était la physionomie la plus parisienne du groupe doré qui passait. Je me suis éloigné de lui tout rêveur, pensant à sa mère. Comment de ce vieux nid construit avec tant de simplicité et d’amour un pareil oiseau a-t-il pu naître et s’envoler ? Tout en ce monde accable cette pauvre raison dont nous sommes si engoués ; c’est en son nom que Charles commet la plus insigne folie. Ah ! j’aurais rêvé de posséder une mère comme madame Després, et je suis allé souvent chez elle pour le seul plaisir de la regarder. À la dernière fête des Rois qu’elle était charmante avec son bonnet vaporeux de tulle placé sur ses cheveux blancs, orné d’une rose qui dépassait la ruche de tulle ; on en voit quelquefois qui fleurissent ainsi dans la neige. J’aime à me la représenter, à me rappeler ses traits amincis, effilés, son œil si large et si doux, dont la bonté est la flamme et le rayon, son sourire aimable qui donne à cette figure pensive, nerveuse, maladive, je ne sais quelle vie toute de sentiment. Quelle poésie dans cet intérieur dont elle est l’âme ! Qu’il est touchant de la voir entourée de ses fils si grands