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mon sillon.

j’ai un peu rudement coudoyé en passant m’a appelé : grande ganache provinciale. J’ai ri, mais je commençais à remarquer que mon chapeau avait des ondulations étranges et mon paletot des flottaisons peu gracieuses.

Or, j’aimerais mieux me présenter aux Parisiens en paysan de Damper, en bragou braz, en veste ronde, en gilet brodé et en chapeau rond, que d’avoir, par le fait de l’inélégance de mes habits, l’air d’un monsieur endimanché. Malheureusement pour arriver à prendre l’aspect banal d’un de ces hommes dont l’éternel type se reproduit partout à mes côtés, j’ai été obligé de puiser dans ma bourse. De tout temps j’avais entendu dire qu’à Paris il fallait s’habiller, puis vivre. C’est presque vrai et ce paradoxe donne parfaitement l’idée de l’importance qu’on attache ici à l’extérieur. J’ai donc sacrifié à la mode, et quand le hasard me jette mon image aux yeux par le moyen d’une devanture brillante de magasin, je me demande si tu me reconnaîtrais tant j’hésite à me reconnaître. Je vais être ces jours-ci à l’affût pour tâcher de rencontrer une seconde fois M. l’ingénieur Brastard. Malgré son bonjour rapide et parfaitement indiffé-