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mon sillon.

verts qui montraient çà et là leurs touffes sombres entre lesquelles s’élançaient les troncs blancs et élancés des bouleaux. Et puis la nuit est venue, nous nous sommes endormis et réveillés à Paris. Me voici donc à Paris, ma sœur, dans ce Paris tant rêvé. Mais ce n’est plus en rêveur, en artiste, que j’y arrive.

Je n’ai qu’un désir ; qu’un travail utile et conforme à mes aptitudes remplisse ma vie et la consume s’il le faut. Arraché à cette existence atrophiée de Damper, sorti de ce bureau malsain où je végétais parmi ce papier timbré comme un pauvre oiseau dans une cage de plomb, détaché par un douloureux effort de ma volonté, d’un rêve, de bonheur irréalisable, je me sens libre, je sens que je m’appartiens et je marcherai courageusement en avant. Mais en attendant que mon chemin soit tracé je me trouve un peu dans la position de la sentinelle perdue de Protais. Tu as remarqué cette simple gravure accrochée contre la tapisserie de ma chambre, auprès de ce cachet enfumé de ma première communion, que je t’ai vu glisser parmi mes gilets. Au milieu du désert aride, debout entre l’océan de sable et le ciel implacable, un