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mon sillon.

nus de la chasse, répondit-elle, Jean est à la pêche, Henri au labour.

— Et Charles ?

— Charles, le voilà.

Elle tendit la main vers le fond du grand jardin potager dont la partie inférieure avait été convertie en verger. Debout, appuyé contre le tronc penché d’un pommier, dont la tête ronde et feuillue le préservait du soleil, un jeune homme lisait.

Le vieillard le regarda un instant fixement, tristement, et s’assit tout songeur.

Il était rare que la figure ouverte de M. Després, qu’une barbe blanchissante commençait à rendre vénérable, s’assombrît ainsi. Son expression ordinaire était celle d’une bonne humeur à peu près inaltérable qui prenait sa source, d’une part dans la fermeté calme de son caractère, de l’autre, dans la tranquille félicité d’une vie qui aurait pu compter parmi celles qui méritent le nom d’heureuses. Né et élevé dans une position également éloignée de la richesse ouvertement fastueuse et de la pauvreté péniblement déguisée, il n’en avait jamais ambitionné d’autre. Sa jeunesse avait été austère. Après avoir fait son droit