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mon sillon.

sonner l’Angélus trouva, chose rare, des personnes qui étaient arrivées avant lui à l’église et qui, assises sous le porche gothique, attendaient qu’il voulût bien la leur ouvrir. C’étaient, il est à peine besoin de le dire, madame Després, Mélite et sa tante. Chacune d’elles priait suivant les besoins de l’être chéri qui s’éloignait, et dans la mesure de ses craintes ou de ses espérances.

— Mon Dieu ! écartez de lui tout danger et ramenez-le moi s’il est malheureux, balbutia madame Després avec angoisse.

— Mon Dieu ! bénissez son travail et ses efforts, dit la tante de René.

— Mon Dieu ! faites qu’il vous aime toujours, murmura Mélite avec ferveur.

Dans ces cœurs dévoués, l’éloignement des deux clercs devait rester comme une souffrance latente, persistante. Ailleurs on se fit bien vite à leur absence. René avait peu d’amis, peu de relations intimes, et pour ce qui regardait Charles les gars remplissaient tellement encore la maison paternelle, qu’il n’y fit point de vide sensible.