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mon sillon.

En se réveillant un quart d’heure plus tard, Charles porta vivement la main à son front qui ruisselait.

— C’est singulier, dit-il à Olivier qui se levait de son côté sans bruit et qui lui rappelait l’heure assez avancée, je rêvais qu’une pluie tiède me mouillait la tête, et je sens mes cheveux tout humides en me réveillant, c’est la sueur sans doute.

C’était moins la sueur, hélas ! que les larmes qui avaient coulé à flots des yeux de la pauvre mère.

Les jeunes gens firent diligence, et, comme quatre heures du matin sonnaient à l’église de Damper, Charles arrivait au pied de la côte abrupte qui bornait la ville au couchant. Là il se rencontra avec René Bonnelin qui avait le sac sur le dos et un bâton à la main.

Ils se souhaitèrent brièvement le bonjour et continuèrent en silence leur ascension. Arrivés au sommet ils s’arrêtèrent. René se retourna vers Damper, que le soleil enveloppait de rayons, et laissa errer sur la petite ville un regard profond et mélancolique, comme un regard d’adieu. Charles resta le dos tourné et ses yeux avides