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mon sillon.

devanciers. Chacun d’eux dit : je veux tracer mon sillon. Tu me l’as conseillé cent fois, il faut se résigner à cela.

— La résignation vous est facile à vous, dit mademoiselle Bonnelin en soupirant. Que sera un enfant de moins dans votre maison. Mélite et moi nous n’avons que René.

— Si Charles ressemblait à René je serais peut-être le premier à le pousser hors de Damper, mademoiselle, dit M. Després avec vivacité. Il n’entre pas dans mes idées d’obliger mes enfants à calquer leur vie sur la mienne. Si je me défie des caprices et des illusions, j’aiderai de tout mon pouvoir une vocation qui me paraîtra sérieuse. Ce n’est pas après le plaisir, l’indépendance sans frein, la vie molle et luxueuse que court René, et à votre place j’applaudirais à la résolution qu’il a prise. Il est intelligent, entreprenant, mais froid, sensé, travailleur, et d’un caractère solide. Il réussira, vous verrez qu’il réussira.

— Dieu le veuille ! mais je vous quitte, voici du monde qui vous vient.

Le monde, c’était Mélite. La conversation ne changea pas de terrain. La jeune fille n’y prit