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Face m’apparaîtra rayonnante dans sa gloire. Ô Divin Maître, Vous qui avez enduré le soufflet et les crachats, pardonnez surtout à Votre servante. Je vaincrai mes dernières répugnances. J’acquerrai la véritable humilité ; je serai l’éteuf, le jouet qui roule et rebondit sans se plaindre dans la boue et la poussière pour l’amusement des frivoles. Bénissez jusqu’à mon nom, Seigneur, mon nom futile et dérisoire ! C’est avec lui que je voudrais m’unir à Vous, au milieu des martyres, des bienheureuses et des saintes, dont pas une n’est ma marraine… Ah ! mon Dieu, serait-ce l’avant-goût du plaisir éternel ? Que de délices je ressens à vos pieds ? Ah ! Seigneur, il me semble que vous me lavez de l’impureté dans un bain de délices !…

Mais la vision disparut. Raton se releva avec légèreté. Comme une grande joie l’inondait et la remplissait, elle se mit à danser sur l’air qu’avait fredonné M. le Duc.

— Eh bien, Raton dit la voix de Mme la Duchesse, qu’est-ce qu’il te prend ?… Et quel lit !… Tu t’es donc mise dessus pour compter ton argent ?… Viens m’habiller, et ne fais plus de ces enfantillages. Ah ! Raton, Raton, Raton !…