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qui laissa tomber sa grosse patte de tout son poids sur l’épaule de Raton et la serra si brutalement que Raton s’en trouva assise sur le bord du lit.

— À votre volonté, Monsieur Poitou ! fit Raton d’une voix lointaine et les yeux toujours à terre. Maintenant, je me prête à tous, je ne méprise personne. Mais Dieu veuille ne pas vous juger trop sévèrement !

— Y a pas d’Dieu ! dit Poitou. Et puis toutes ces histoires sont à crever de rire !… Allons, mon p’tit rat, cache ton Dieu, sors tes rondelets : montre-moi ce que tu montrais à M. le Duc.

— Ne blasphémez pas, Monsieur Poitou ! implora Raton qui se jeta de côté.

— Ah, Jarni ! cria Poitou en imitant M. le Duc. Ah ! Jarni ! Jarnidieu !…

La valeur de Poitou se manifesta plus vigoureusement encore que sur le champ de bataille, contre un adversaire qui, lui aussi, rendait les armes, mais sans avoir la pensée ni les moyens de le punir.

« Je n’aurai plus de révolte devant le dégoût, je vous bénirai dans la plus grande répugnance, je prierai pour ceux qui me la feront éprouver. » Raton se souvenait de cette oraison mentale : elle priait, en effet, dans la mesure de son pouvoir, en se raidissant contre elle-même, pour l’improbable salut de M. Poitou. Il faisait gémir comme