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V


R aton tirait l’aiguille dans la chambre de sa maîtresse en réfléchissant à l’étrange réponse qu’elle s’était attirée. Un rustre, un commis, un valet, M. Poitou ou M. Grand-Jean, l’aurait épousée sans dot, mais le compagnon des pauvres marins de Tibériade, qui avait choisi les petits et les humbles pour leur découvrir les mystères qu’il cachait aux sages et aux prudents, celui-là repoussait les fiancées sans fortune ! Elle aurait oublié pour lui ses plus chers souvenirs, abandonné sa position, sacrifié sa jeunesse : n’était-ce donc pas assez ? Que devenait l’humilité tant vantée dans l’Évangile ?… Pourtant, les pauvres n’attendaient pas à la porte du Ciel, eux, les innombrables sujets du Royaume de Dieu… Et Raton s’appliqua la parabole des lis qui ne filent point, et qui sont mieux vêtus que Salomon dans sa gloire.