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en remuant les lèvres pour s’obliger à lire, et quelquefois son prie-Dieu pour ne pas succomber au sommeil.

Raton fut éblouie de la richesse de l’église. Le paradis qu’elle imaginait n’était pas si beau. L’autel, tout de marbre blanc et décoré d’une Annonciation du Guide, s’élevait au-dessus de douze marches entourées d’une rampe de même matière, aux balustres de bronze doré. Devant le tabernacle d’argent figurant l’Arche d’alliance, l’ostensoire d’or et de pierres précieuses flamboyait comme un astre au milieu de centaines de constellations que formaient les cierges et les bougies. Des chérubins joufflus comme des Éoles soufflaient de tous les coins l’esprit de Dieu et attisaient l’incendie d’innombrables dorures. Les murs étaient peuplés de peintures pompeuses représentant des scènes des deux Testaments. La voûte, peinte à fresque, paraissait ouverte sur le Ciel même, tant les personnages montraient de mouvement et de vérité. Raton y reconnut le triomphe des Justes après le Jugement dernier, quand Dieu les place à sa droite, qui est terrible, et pareillement à sa gauche qui ne l’est pas moins, mais dont il n’est guère parlé. Un ange fougueux, la tunique tourmentée par la tempête de son vol, annonçait de sa tuba que le partage équitable était résolu pour l’éternité. La croix du Sauveur, qui paraissait verticalement au centre, donnait de la science