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autres, de telle sorte que la Prieure et les assistantes entendirent des fragments de confession sur la nature desquels il eût été difficile de se méprendre. Ils valaient à Raton des signes de croix, des aspersions d’eau bénite et des prières. Mais surtout, ils rejetaient Marie-Thérèse de Saint-Augustin dans un doute voisin de la certitude touchant le caractère diabolique de l’extase, et la Prieure triomphait en secret de M. Rigaud.

M. Rigaud l’avait reprise, le lendemain même, sur un ton qu’elle ne lui pouvait pardonner. Elle le lui pardonnait d’autant moins qu’elle avait dû reconnaître une partie de ses torts.

— Madame, avait dit M. Rigaud, en dépit de la prévention que vous devez nourrir contre les directeurs, l’intérêt que je porte à ma pénitente m’oblige, ainsi que mon sacré ministère, à vous reprendre sans aucun ménagement sur l’acte auquel vous vous livrâtes hier, au mépris de la loi et de la hiérarchie ecclésiastiques. Ne me parlez pas d’ignorance : vous devez savoir que l’exorcisme ne peut être prononcé que par un clerc qui ait reçu le troisième des Ordres mineurs, et que même un prêtre ne s’en doit charger sans la permission de l’évêque. Voilà bien la présomption des femmes de croire qu’elles peuvent avoir mandement de chasser le Malin, elles qui nous firent choir dans le Péché Originel