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L’Alleluia commença de se travestir en Robin a des sonnettes, et Raton se demanda si l’abbé Lapin n’était pas devenu fou.

« Ô Bien-Aimé, pensait-elle, toute rouge de honte sous son voile blanc, n’est-ce pas l’Enfer qui m’assaille en cet instant même où je m’unis à Vous ? Secourez-moi, chassez ces images infâmes, étouffez ces obscénités, ou je croirai que c’est Vous qui me repoussez comme indigne ! Pourtant, Seigneur, n’est-ce pas Vous qui m’avez engagée dans la voie du sacrifice ? »

Et Raton, qui n’osait toujours se signer inopportunément, traçait de son pouce des croix sur sa poitrine. Ses visions mentales s’en évaporèrent pour un instant. Mais elle ne pouvait méditer sur le Saint-Mystère ni s’abandonner à sa piété. Elle souhaita ardemment que la messe fût dite.

Enfin, après le dernier Évangile, Raton, accompagnée de M. le Duc et de Mme la Duchesse, alla s’agenouiller sur une marche de l’autel. M. de Bernis lui remit la croix des Carmélites en lui adressant quelques mots rituels. Sa bouche n’était que sourire ; ses belles mains lui frôlèrent voluptueusement la gorge. Et Raton évoqua M. le Chevalier découvrant le crucifix à son jarret, après l’avoir prise à rebours, à la façon des Scythes et des bêtes.

M. le Duc offrit le bras à Raton défaillante, et le