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entrée, précédée de M. Rapenod au bicorne inébranlable, rose comme un poupard, doré sur tranches, jouant du mollet, et marquant le pas d’une hallebarde pacifique. Derrière lui marchait M. Poitou, les jambes écartées comme celles d’un postillon, et la figure couverte de bubes incarnadines. Pareillement, M. Grand-Jean, M. Petit-Louis, Mlle Macée, qui pointait un nez de sinople, et dix autres, mâles et femelles, au teint crayeux parsemé de rubis. Ils semblaient s’être donné le mot pour se mal porter, et ils ouvraient des yeux hagards et bordés d’écarlate, où la risée le cédait à l’étonnement. Puis se rangèrent des personnes du Sexe aux parures extravagantes et menant grand tapage. Elles échangèrent, avec le groupe de la Gourdan, des signes d’intelligence, et répandirent des parfums qui luttèrent contre le remugle de l’encens comme Tobie avec l’Ange. Enfin, s’avança un gros de gens de qualité, brimbalant leurs épées contre les colonnes et les chaises, et faisant retentir les dalles de leurs cannes de jonc à bouterolles de cuivre. Leurs épouses, poudrées à frimas et les épaules découvertes en dépit de la sainteté du lieu, appuyèrent de leurs senteurs les aromes de harem que dégageaient ces demoiselles. Le parfum de l’encens allait prendre le dessous, quand s’abattit un noir essaim de dévotes, à tout moment renforcé. Il eut tôt fait d’imposer aux deux