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Aussi sa surprise fut grande quand elle traversa la nef au bras de M. le Duc tout chamarré de ses Ordres, et derrière le cortège de diacres, de servants et de céroféraires formant l’arroi de M. de Bernis. Bénissant à droite et à gauche, Monseigneur, en robe pontificale, se dirigeait vers un dais cramoisi pour qu’on le revêtît de ses ornements sacrés, lorsque, bousculant les prie-Dieu, parut la bonne nourrice qui s’affermissait sur le bras de l’abbé Lapin. Celui-ci portait, en outre, sa fidèle guitare dans une housse de lustrine verte toute neuve. Cédant à son trouble, malgré la gravité de la circonstance, Raton quitta le bras de M. le Duc et fit quelques pas au-devant d’eux, le cierge à la main. Cependant, au fond de la chapelle, dans une tribune à balustres, Raton avait pu découvrir la Gourdan, coiffée d’un invraisemblable chapeau de roses, et pourtant digne au milieu de son sérail. La Boiteuse, soutenue par l’Achalandée et la Pimpante, s’était levée de son siège pour agiter un mouchoir imbibé de larmes, et si rougi par le fard qu’on l’eût dit trempé dans son cœur.

Raton embrassa l’abbé, de qui la couenne lui râpa les joues et dont l’haleine n’était pas pure.

Comme elle tenait encore sa nourrice qui répétait « Raton ! Raton ! » avec l’accent d’un suppliant reproche, elle aperçut la maison de M. le Duc qui faisait son