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courte visite : les affaires diplomatiques ne lui permettraient ni de la prolonger ni certainement de la renouveler. Plusieurs fois elle avait vu Raton au parloir, derrière la grille, mais l’horloge de sable s’était toujours écoulée sans qu’elle eût rien dit de principal et qui montrât la moindre entente de la retraite. Alors, Mme la Duchesse dérangeait à son tour Mme la Prieure quand la tierce fermait la grille et tirait le rideau.

Cependant, Raton souffrait d’une vive impatience de cette cérémonie qu’on lui annonçait comme prochaine, et pour laquelle elle répétait son rôle tous les jours, ayant été reçue à l’unanimité des voix du Chapitre, représentées par quarante fèves blanches. Contrairement aux postulantes qui la souhaitent avec ardeur, Raton désirait qu’elle fût déjà passée, et la présence de Monseigneur, qu’on lui faisait tant valoir, l’emplissait à l’avance de confusion.

Il arriva enfin, ce jour tant redouté ! Raton communia dès l’aube à la lueur funèbre de deux cierges et demeura en prières une grande partie de la matinée en attendant M. le Duc qui lui devait servir de père, et Mme la Duchesse de marraine. Puis elle revêtit une belle robe de mariage ; elle mit aussi un voile, une couronne et un bouquet d’oranger ; ou plutôt la vieille Marie-Sophie de Sainte-Anne l’assista dans cet embarras. Elle ne tarissait