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votre génie, mais je crains de vous y voir comme au milieu du Buisson-Ardent, et d’être terrassée pareillement à saint Paul. J’en aurais compte à rendre à la Révérende-Mère qui me reparlerait des artifices du démon. Si je vous veux prier, c’est d’une façon qui n’est pas la mienne, et dans une langue que je n’entends pas encore. Vous qui pénétrez mon malheur, ne me tentez plus, modérez Votre amour, afin que je ne sois point traitée comme une possédée, de même que l’on soutenait à l’abbé Lapin qu’il était ivre quand Vous l’embrasiez d’un beau feu !… »

Et Raton s’était promis de résister au Seigneur, selon l’exemple de Marie Alacoque, jusqu’au jour où elle aurait pris le voile, pensant qu’il lui serait alors loisible d’être une sainte après avoir fait preuve d’obéissance et d’humilité. Elle avait déjà vécu six mois sous le petit bonnet à ruche que l’on voyait toujours penché vers la terre, parlant à peine, se laissant caresser des Sœurs sans provoquer leur tendresse, donnant l’exemple de l’obéissance, et plaisant à la Mère par une piété aussi exacte que tempérée.

Son directeur, l’abbé Rigaud, Supérieur local et Visiteur, pressa Marie-Thérèse de Saint-Augustin de l’agréer comme novice en lui vantant des vertus inquiètes de s’épanouir. Mme la Duchesse était encore plus hâtive. Elle faisait valoir que M. de Bernis annonçait une