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La lettre disait, par la voix de M. Poitou :

À Madame
Madame la Duchesse d’Aiguillon,
en son Hôtel,
Rue de l’Université.

« Je vous adresse, bien chère et bonne Amie, la petite Raton que vous m’avez demandée. En vous l’annonçant pour aujourd’hui, ces temps derniers, je vous ai déjà fait son éloge, d’après ce qu’en rapportent les personnes de considération qui lui veulent du bien. Elle n’a point de père, elle n’a point de mère, vous dis-je, seulement une vieille femme qui l’a recueillie jadis et qui se donne pour sa nourrice, encore qu’elle ait à peine de quoi. Je me féliciterais si cette enfant pouvait remplir auprès de vous les fonctions que vous attendez d’une camériste, en cette grande pénurie où l’on est de ne rencontrer de gens qui nous servent à notre gré (ici, le lecteur dépité baissa la voix et sembla lire moins facilement), à notre gré… à notre gré, qui soient honnêtes et non fripons, ivrognes ou paresseux. Celle-ci est propre, gentille, douce, agréable, et, à ce qu’il m’a paru, élevée selon les principes.

« Je suis, pour m’employer encore à vous plaire,