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XII


A insi se passait la vie de Raton, dans cette maison de la rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur, entre l’amour, les pratiques et les illuminations de la Foi. Son amie Nicole, qui priait avec elle devant la croix du Carmel, l’avait généreusement initiée aux arcanes du plaisir. Raton le sut donner tout comme une autre, et en affectant de l’éprouver. Le Vénitien d’adoption, à qui la Postérité reconnaissante conserve le surnom d’Il Divino, de préférence à celui de Fléau des Princes, ne lui aurait rien découvert que Nicole ne lui eût enseigné avec une patience d’écuyer. Elle se pliait de même aux autres fantaisies de ces messieurs, dont on ne peut dire qu’elles n’ont parfois ni queue ni tête, et elle aurait cru manquer à la plus élémentaire honnêteté en ne rendant pas satisfaits ceux qui payaient le prix de sa complaisance. Chaque fois, elle remettait à la Mère le