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compagnes de la science qu’elle puisait dans la Bible de Royaumont, qui est à la Foi ce que le Dictionnaire des Rimes de Richelet est aux Muses, la connaissance sans la Grâce.

Elle y consacra sa journée et les suivantes, jusqu’au moment que le Ciel la retira de l’épreuve.

La Gourdan n’eût pas toléré que ses filles manquassent aux passe-temps nécessaires de la musique et de la danse, dans la mesure où ils entretiennent l’aimable contenance des courtisanes, la gaieté de l’esprit unie à la souplesse du corps. Mais, avant même qu’elles fussent repues, une voix impatiente s’élevait toujours qui déchaînait un chœur impérieux :

— Royaumont ! Royaumont ! Royaumont !…

Ou bien, c’était l’Ordinaire de la Messe, que l’abbé Lapin avait apporté, un bouquin graisseux qui perdait ses feuilles et datait de plus loin que le séminaire. Il fermait heureusement par des cordons de cuir, à la mode des vieilles éditions d’Amsterdam. Ou bien encore, l’Âme amante de son Dieu, ornée d’emblèmes d’Hermanus Hugo et d’Othon Vænius, où se voient l’Âme sous la figure d’une enfant poupine, et Jésus sous celle d’un Amour portant l’arc et le carquois. Dans l’un d’eux, Raton se retrouvait assise au pied de son arbre, où le Divin Maître était crucifié, ses ailes d’Éros grandes