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Raton, qui voyait Dieu, non seulement elle parut plus digne de vénération que la veille, mais elle était le prodige qu’aucune autre maison de Paris, voire de l’univers, ne se pouvait vanter de posséder. Elle passait les femmes tigrées, et ces négresses blondes que certains disaient avoir rencontrées, et qui sont réellement issues du croisement des Hollandais et des filles de couleur, au pays des kangourous.

Cependant, ces demoiselles Sylphides n’entendaient pas demeurer dans l’oubli ou l’ignorance des choses saintes qui leur valaient une Raton, et qui donnaient à celle-ci un éclat incomparable, un rayonnement que tous les fards du monde et les suggestions du miroir ne feraient acquérir. En outre, ne versaient-elles pas trois livres sur leurs passes pour arrondir la dot du Carmel ? Il était juste qu’elles connussent une doctrine qui produit des effets si peu ordinaires. Peut-être même, quelques-unes se flattaient de parvenir à étonner le monde en s’initiant aux secrets de Dieu, qu’elles devaient assimiler à ceux du Petit-Albert, où l’on trouve des recettes pour se faire aimer, donner le flux et la caguesangue à ses rivales.

Ainsi, malgré sa résolution de ne marquer point de piété dans le mauvais lieu d’où elle espérait bientôt sortir, Raton fut obligée, sur leurs instances, d’instruire ses