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— Vive Lapin ! cria la Fringante.

— Vive Lapin ! Vive Lapin ! crièrent la Façonnée, l’Artificielle, la Niaise, l’Alerte, l’Éveillée et leurs quatorze sœurs.

— Là n’est pas la question, mes chéries, dit l’abbé. Mais puisque vous aimez le pauvre Lapin, Lapin le très-indigne, répétez avec lui : Tu autem, Domine, miserere nobis !

Miserere nobis !… firent les vingt et une nymphes, en comptant Raton, qui se signa.

— L’Abbé, dit la Gourdan, tu dois avoir soif. Descends, et demande à Gomez qu’il te donne une autre bouteille. Je paierai ce que tu as bu et boiras. C’est qu’il est l’heure que tu te retires, car on viendra sans doute demander à souper. Embrasse encore notre bien-aimée Raton, que ton discours plongeait dans l’extase. Il m’a fait, à moi, apprécier la diversité de tes talents. Mais ne serais-tu pas un peu moliniste ?…

L’abbé embrassa Raton, lui promit un missel pour le lendemain soir et s’échappa à reculons des mains de ces demoiselles, en brandissant sa guitare et en déclamant les Stances de Polyeucte :

Saintes douceurs du Ciel, adorables idées,
Vous remplissez un cœur qui vous peut recevoir ;
De vos sacrés attraits les âmes possédées,
Ne conçoivent plus rien qui les puisse émouvoir !