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que la Mort le vint saisir, au milieu des religieuses, que son fantôme épouvanta jusqu’à la fin de leurs jours. Il traînait des chaînes à l’image des infortunés que, de son vivant et d’un cœur léger, il avait envoyés sur la paille des tournelles.

Cependant, ces demoiselles se parlaient à l’oreille en pouffant. Raton devenait plus rouge et plus confuse.

— Qu’ont-elles donc ? demanda la Gourdan. Est-ce vraiment si comique que cela vaille des éclats ? Me voit-on rire, moi ? Quelle impertinence !

— C’est Raton, dit l’Éventée, qui demande ce que c’est que la vér…

— Tout beau, s’écria la Gourdan. Huit jours au service des vieux ! Je vous apprendrai, Mademoiselle, à lâcher certains mots que j’interdis et que je ne prononce pas moi-même. Ce n’est pas tant parce que je vous ai fait suivre à toutes des cours de maintien et veillé à votre bonne éducation, mais surtout parce que ces mots portent la guigne. Et toi, ma chérie, je vais te couvrir de mon écharpe pour que tu ne restes pas toute nue quand cela n’est pas opportun.

Voilée d’une mousseline de soie brodée d’or, Raton parut encore plus belle. Le souci lui donnait de la majesté. Voilà tout le mystère, pensait-elle : M. Peixotte, que je n’aurais pas cru si abominable, s’est vengé sur la