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l’abbesse plus morte que vive, mais les deux faquins qui finissent par avouer leur supercherie devant la crainte des châtiments. La Vatinelle, confrontée, convient elle-même de la fraude, et voilà notre Peixotte condamné à des dommages considérables.

Quant à Sœur Rose, ajouta l’abbé, elle obtint d’être reconnue pour fille d’honneur. Dieu lui comptera cette épreuve qu’elle ne pouvait qu’endurer dans la constance. Ne répétait-elle pas, à Primes, avec ses sœurs : Veritas de terra orta est, et justicia de caelo prospexit ?…

— Jamais je ne recevrai ton Peixotte ici, fit la Gourdan, non pas à cause de la Sœur, mais bien de la maladie… Au fait, qui t’a narré cette histoire, l’Abbé ? Feu mon mari, François-Didier Gourdan, Capitaine-Général des Fermes, me lisait jadis Boccace et Bandello. Ne l’aurais-tu pas renouvelée d’un de ces bons coglioni, plaisants diseurs de bourdes ! Il n’est pas jusqu’au nom de Vatinelle qui ne sente Rome ou Florence…

— L’histoire est de notoriété publique, Mère. Néanmoins, je la tiens de M. Pidansat de Mairobert, grand bavard, grand nouvelliste, et, pour tout dire, grand persifleur.

— Qui se ressemble s’assemble ! conclut la Gourdan.