Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

empoisonner ma moitié : relevez-en plutôt les preuves sur moi-même !

Et voilà l’insensé, le bouc impudique qui sort les pièces à conviction devant la Mère indignée ! Elle veut sonner, appeler ses gens, le faire arrêter.

— Oh ! s’écrie Peixotte, ne vous donnez pas la peine de révéler ce scandale ! Je m’en chargerai bien moi-même en requérant la prise de corps contre une abbesse infâme et ses prostituées déguisées. Ou bien rendez-moi les mille louis que ladite Rose ne put avoir le temps de dilapider avec ses ruffians… Ces mille louis, qu’on les recherche dans sa chambre !

La Supérieure réfléchit qu’il vaut mieux paraître céder à cet homme considérable qui ne veut rien entendre, et qu’en gagnant du temps il lui sera loisible de démêler le fin du fin. Elle fait mander Sœur Rose sous un prétexte étranger. La religieuse paraît, va, vient, et s’en retourne en silence, sans témoigner du moindre embarras. Cependant, le sieur Peixotte maintient qu’il reconnaît la guenippe qui l’a si bien accommodé. Il part, en invoquant la sagesse de la Mère qu’il vient d’outrager.

À la requête de l’abbesse, on surveille Sœur Rose, on questionne ses compagnes sur l’emploi de son temps, l’on fouille sa cellule, et l’on ne découvre rien de répréhensible. Mais, poussant ses investigations à