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vendre aux impies. Ce qui t’en est revenu n’est qu’une légende, à part qu’elle prépare véritablement sa dot religieuse. En vérité, elle se pliera à toutes les exigences. N’est-ce pas Raton ? Mais toi, Mère, songe avec respect qu’il s’agit de faciliter une bonne œuvre. Je connais ton cœur, Mère : il ne se démentira point, il n’est pas fermé aux bons sentiments qui sont les fourriers de Notre-Seigneur. Puisse-t-il, le Divin Maître, l’occuper tout entier un jour, quand la jeunesse en prendra congé, emportant avec elle les tapisseries éclatantes qui te cachent encore les premières lézardes. Ou crains de loger ta décrépitude dans un palais dévasté.

— Mais, c’est un prêche, l’Abbé, que tu me récites là ! s’écria la Gourdan. Dis-donc, reprit-elle après quelques éclats d’un rire argentin, tu me parais avoir le nez un peu rouge… N’aurais-tu pas tâté du Frontignan de ce pauvre Gomez ?

— Je ne dis pas non, fit l’abbé, mais je ne suis pas ivre !…

— Alors, il faut que tu sois amoureux. Je ne m’étonne plus que tu déraisonnes. Serait-il ton amant, ma belle ? Joli farfadet !…

— Amoureux ! Son amant !… répliqua l’abbé dans une exaltation croissante. Non, je te le répète, Mère, je ne t’amène pas une débauchée, mais une vierge…