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Et tandis que Raton égrenait cinquante pater sans laisser échapper une plainte, son bourreau lui comptait cinquante coups de corde à nœuds en poussant des gémissements comme s’il se fût frappé lui aussi.

— Endurez, Monsieur Peixotte ! disait Raton de temps à autre. Endurez, le pardon du Ciel est à ce prix !

M. Peixotte ne savait guère où il en était de son compte. Il l’avait plutôt dépassé. Mais le sang commençait à rougir la chair d’un beau rouge grenat. À la vue de ce sang, M. Peixotte fut pris de la frénésie roturière qui s’était emparée de M. Poitou quelque temps auparavant, et Raton dut la subir, encore qu’elle trouvât que ce ne fût pas de jeu : M. Peixotte profanait l’habit du Carmel ; M. Peixotte annulait les mérites de la pénitence que Raton croyait qu’il se fût donnée. Cependant, M. Peixotte s’affaissa sur le tapis en poussant un juron épouvantable.

— Oh ! comme c’est mal, Monsieur Peixotte ! dit Raton en se relevant avec effort et en portant la main sur les parties endolories. J’avais tant prié Dieu pour vous ! Même je lui offrais encore en votre nom tout ce que vous m’avez fait souffrir. Oh ! comme c’est mal ! reprit Raton en sanglotant dans ses grandes manches flottantes.

— Il faut vraiment que tu sois une petite imbécile !