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afféterie de jeune fille. Elle semblait dire : Est-ce bien, maintenant ?

— Oui, mon enfant, c’est charmant, répondit Peixotte à cette muette interrogation et en jetant sur les épaules de Raton le manteau qu’il attacha au cou par une petite olive de bois passée dans une ganse de grosse toile. Mais il faut enlever tes bas et mettre des sandales. Auparavant, je voudrais revoir avec toi quelques-uns de mes tableaux. Que te semble, ajouta-t-il en enlaçant Raton et en la promenant d’un cadre à l’autre, de ce Satyre qui violente une nymphe après l’avoir prise à la course ? La frayeur et l’essoufflement sont peints sur le visage de la captive avec une telle vérité que tu dois passer par ses tourments… Voici la chaste Lucrèce qui se frappe d’un poignard, et ce grand coquin de Sextus qui disparaît en se rajustant, car il vient de la violer bel et bien… Voici encore Danaë qui reçoit une pluie d’or entre les jambes. Tu désirerais bien, n’est-ce pas, la recevoir, toi aussi, de ce bon Peixotte, pour l’offrir au Seigneur. Voilà la différence. Mais, dis-moi, il doit bien y avoir de ces belles choses dans le boudoir de ta maîtresse ?

— Je ne sais pas, Monsieur, fit Raton, en pensant au Divin Maître, je n’ai remarqué que le portrait de M. le Duc.