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marchant les mains aux goussets. Mais je commence à croire que les coups n’enrichissent pas. Parlons plutôt. Ce Peixotte, chez qui tu vas te rendre, eh bien, c’est un marquant qui a des caprices à soi. Par exemple, il aime à se promener à quatre pattes dans le costume du premier homme. La nymphe qu’il honore doit garnir de plumes de paon un étui de nacre percé de trous. Ces plumes ainsi disposées forment un superbe éventail. Je te laisse à penser où se loge cet étui. Ce n’est pas dans la poche du justaucorps, attendu qu’il n’en a point. Alors, pendant qu’il se pavane, il faut applaudir à sa roue. Tu dis, en faisant des mines et en battant des mains : Ah ! le beau paon ! Mon Dieu qu’il est beau !… Il connaît beaucoup d’autres coquetteries, mais celle-là est la plus célèbre et la plus fréquente. Surtout, ne va pas éclater, car le paon se changerait en autour et te déchirerait de la belle façon, tendre colombe ! Et sans aucun salaire ! Ce ne sont pas des idées qui me viendront jamais à moi, Jarni ! ni à personne du pauvre monde. Mais tu me conteras son dernier tour, si ce n’est pas celui-là. Il est bon de tout savoir des rupins pour s’en rigoler en-dedans quand ils nous battent, ou bien le leur jeter au nazonant le jour qu’ils nous congédient…

« Dis-moi mon p’tit rat, poursuivit Poitou en enlaçant Raton, tu me rapporteras bien queuques pinos de