Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous discutâmes si, en principe, un chef suprême devait choisir ses principaux instruments parmi les hommes capables, au lieu de les chercher dans des gens de second ordre. On conçoit la pensée qui fait choisir des hommes sans réputation, et il était assez incliné à adopter de préférence cette opinion. Mais je lui fis sentir qu’écarter les hommes supérieurs était une preuve de faiblesse et du sentiment de sa propre infériorité ; qu’avant tout il fallait ne rien négliger pour assurer le succès de ses opérations, sauf à en partager la gloire avec des collaborateurs. Un devoir positif l’ordonne ; mais d’ailleurs la part du chef est toujours assez belle, quand il a attaché son nom au triomphe. La conversation se termina par une réflexion spirituelle du duc de Reichstadt. Je lui faisais remarquer combien le secret était nécessaire dans les grandes affaires, car presque jamais on n’a regretté le silence ; qu’ainsi on devait se borner à confier ses projets au plus petit nombre d’individus possible, et aux agents indispensables ; il ajouta : « Et quelquefois à ceux qui les ont devinés. »

Dans une autre conversation, dont les sujets avaient été variés, le duc de Reichstadt traita une question abstraite et compara l’homme d’honneur à l’homme de conscience. Il donnait la préférence à ce dernier, « parce que, disait-il, c’est